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Illuminations – 03 – Conte

. . Un Prince était vexé de ne s'être employé jamais qu'à la perfection des générosités vulgaires. Il prévoyait d'étonnantes révolutions de l'amour, et soupçonnait ses femmes de pouvoir mieux que cette complaisance agrémentée de ciel et de luxe. Il voulait voir la vérité, l'heure du désir et de la satisfaction essentiels. Que ce fût ou non une aberration de piété, il voulut. Il possédait au moins un assez large pouvoir humain.
 
. . Toutes les femmes qui l'avaient connu furent assassinées. Quel saccage du jardin de la beauté ! Sous le sabre, elles le bénirent. Il n'en commanda point de nouvelles. — Les femmes réapparurent.
 
. . Il tua tous ceux qui le suivaient, après la chasse ou les libations. — Tous le suivaient.
 
. . Il s'amusa à égorger les bêtes de luxe. Il fit flamber les palais. Il se ruait sur les gens et les taillait en pièces. — La foule, les toits d'or, les belles bêtes existaient encore.
 
. . Peut-on s'extasier dans la destruction, se rajeunir par la cruauté ! Le peuple ne murmura pas. Personne n'offrit le concours de ses vues.
 
. . Un soir il galopait fièrement. Un Génie apparut, d'une beauté ineffable, inavouable même. De sa physionomie et de son maintien ressortait la promesse d'un amour multiple et complexe ! d'un bonheur indicible, insupportable même ! Le Prince et le Génie s'anéantirent probablement dans la santé essentielle. Comment n'auraient-ils pas pu en mourir ? Ensemble donc ils moururent.
 
. . Mais ce Prince décéda, dans son palais, à un âge ordinaire. Le prince était le Génie. Le Génie était le Prince.
 
. . La musique savante manque à notre désir.
 
Translation

Racconto

. . Un Principe era irritato per essersi dedicato sempre e soltanto alla perfezione delle generosità volgari. Prevedeva stupefacenti rivoluzioni dell'amore, e sospettava le sue donne di poter dare qualcosa di meglio di quella compiacenza ornata di cielo e di lusso. Voleva vedere la verità, l'ora del desiderio e dell'appagamento essenziali. Fosse, o no, un'aberrazione di pietà, egli volle. Possedeva almeno un potere umano assai vasto.
 
. . Tutte le donne che lo avevano conosciuto furono assassinate. Che strage nel giardino della bellezza! Sotto la sciabola, lo benedirono. Non ne ordinò di nuove. – Le donne ricomparvero.
 
. . Uccise tutti coloro che lo seguivano, dopo la caccia o le libagioni. – Tutti lo seguivano.
 
. . Si divertì a sgozzare gli animali di lusso. Diede fuoco ai palazzi. Si avventava sulla gente e la faceva a pezzi. – La folla, i tetti d'oro, i begli animali esistevano ancora.
 
. . È mai possibile estasiarsi nella distruzione, ringiovanire mediante la crudeltà? Il popolo non mormorò. Nessuno offrì l'ausilio delle proprie opinioni.
 
. . Una sera, galoppava superbo. Un Genio apparve, d'una bellezza ineffabile, anzi inconfessabile. Dalla sua fisionomia e dal suo portamento emanava la promessa di un amore molteplice e complesso! di una gioia indicibile, anzi insopportabile! Il Principe e il Genio si annientarono probabilmente nella salute essenziale. Come avrebbero potuto non morirne? Insieme dunque morirono.
 
. . Ma quel principe spirò nel suo palazzo, a un'età normale. Il Principe era il Genio. Il Genio era il Principe.
 
. . La musica sapiente manca al nostro desiderio.
 
Arthur Rimbaud: Top 3
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