Russia is waging a disgraceful war on Ukraine.     Stand With Ukraine!
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Le balcon

Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses,
Ô toi, tous mes plaisirs ! ô toi, tous mes devoirs !
Tu te rappelleras la beauté des caresses,
La douceur du foyer et le charme des soirs,
Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses !
 
Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon,
Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses.
Que ton sein m'était doux ! que ton coeur m'était bon !
Nous avons dit souvent d'impérissables choses
Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon.
 
Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !
Que l'espace est profond ! que le coeur est puissant !
En me penchant vers toi, reine des adorées,
Je croyais respirer le parfum de ton sang.
Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !
 
La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison,
Et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles,
Et je buvais ton souffle, ô douceur ! ô poison !
Et tes pieds s'endormaient dans mes mains fraternelles.
La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison.
 
Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses,
Et revis mon passé blotti dans tes genoux.
Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses
Ailleurs qu'en ton cher corps et qu'en ton coeur si doux ?
Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses !
 
Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis,
Renaîtront-il d'un gouffre interdit à nos sondes,
Comme montent au ciel les soleils rajeunis
Après s'être lavés au fond des mers profondes ?
- Ô serments ! ô parfums ! ô baisers infinis !
 
Translation

Der Balkon

Du, der Erinnrung Quell, du Frau der Frauen,
Die all mein Leid und all mein Glück gebracht!
Kannst du im Geist die Freuden neu erbauen,
Des Herdes Süssigkeit, den Rausch der Nacht?
Du, der Erinnrung Quell, du Frau der Frauen.
 
In stillen Nächten bei der Kohle Glut,
Auf dem Balkon, vom rosigen Duft umgeben,
Wie war dein Busen süss, dein Herz mir gut,
Wir tauschten Worte, ewig wie das Leben,
In stillen Nächten bei der Kohle Glut!
 
An heissen Abenden wie schön die Sonne!
Der Raum so tief! Das Herz voll Kraft und Mut!
Ich neigte mich zu dir, o Königin der Wonne,
Und trank den Duft, den Duft von deinem Blut, –
An heissen Abenden wie schön die Sonne!
 
Dann sank die Welt in nächt’ge Dunkelheit,
Mein Auge suchte deins. Die Nacht ward stummer,
Ich trank dein Atmen, Gift voll Süssigkeit,
In meinen Bruderhänden lag dein Schlummer,
Dann sank die Welt in nächt’ge Dunkelheit.
 
Ich kann sie wecken, jene holden Zeiten,
Da all mein Glück in deinem Schoss geruht,
Denn wer kann wehmutvollre Lust bereiten,
Als es dein Leib, dein sanftes Herze tut?
Ich kann sie wecken, jene holden Zeiten.
 
Ihr Schwüre, Düfte, Küsse steigt hervor,
Steigt aus dem tiefen Abgrund meiner Qualen,
Wie Sonnen, die aus Meeresgrund empor
Zum Firmament in junger Schönheit strahlen ;
Ihr Schwüre, Düfte, Küsse steigt hervor!
 
Charles Baudelaire: Top 3
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