L'une des balades que je préfère est d'aller à Esposende
voir le flux des eaux du cávado. Il est un bar là-bas approprié
à cet effet. Un fleuve est l'enfance de l'eau. Les berges, le lit,
tout la protège. À l'embouchure, c'est le hasard de la haute
mer. S'y achève quelque possible arbre généalogique,
visible sur l'anneau du doigt. S'y achève même quelque
passé. C'est la convivialité avec la distance, avec l'
incommensurable. C'est l'anonymat. Et à tout moment, il y a
l'eau qui s'élance dans cette aventure. Adieu rivages
verdoyants adieu ponts, adieu poissons connus.
Maintenant c'est la mer salée, l'aventure sans retour, pas
même à marée haute. Et c'est à esposende que j'aime
assister, pendant des heures, en échange d'une Impérial, à
la mort d'un fleuve qui a vieilli, brisant pierres et
plantes, qui a lutté, qui a contourné des obstacles. Impossible
de faire demi-tour. Maintenant, c'est la mort. Ou la vie.
¹ cidade portuguesa no distrito de Braga, situada na margem do estuário do rio Cávado